
Un autre argument avancé est qu’au IXe siècle, Photios, patriarche
de Constantinople, l'un des plus grands érudits de son temps,
écrit dans une note sur un livre de Juste de Tibériade, historien
et secrétaire du roi Agrippa II « De
même que tous les autres écrivains juifs, Il [Juste
de Tibériade]
n'a fait aucune mention de la venue du Christ, des choses qui
lui sont arrivées, de ses miracles »
(Voir
le site de Remacle ICI). Ce serait une preuve que le
Testimonium est un faux, une interpolation complète.
On trouve aussi deux notes de Photios sur les Antiquités Judaïques (Site de Remacle, note 76 ICI et 238 LA) dont la dernière mentionne le meurtre de Jacques le frère du Seigneur. Dans ces notes Photios, ne fait aucun commentaire sur l'absence de référence à Jésus. Il indique cependant, ce qui semble être un commentaire de sa part au sujet d’Hérode Antipas, « C'est sous son règne que la Passion du Sauveur eut lieu. ».
Cependant ces notes de synthèse sont assez confuses. Elles contiennent des commentaires personnels que l’on ne peut distinguer du texte des antiquités comme on le voit ci dessus et dans cet autre exemple : Photios fait mention, dans sa note 238/AJ, de la mort de Jacques, frère de jean (fils de Zébédée) sous Agrippa Ier et l'on peut penser que c'est de Josèphe alors qu’il n’y a rien d'écrit à ce sujet dans les antiquités.
Mais il y a une autre difficulté : Photios aurait donc eu entre les mains une version du livre XVIII des Antiquités sans le Testimonium. Cependant, l’hypothèse la plus communément admise est un Testimonium inséré (ou modifié) au IIIème siècle (voir supra). Donc Photios aurait été en possession d’un des derniers exemplaires original sans le Testimonium au IXe siècle, mais aucun ne nous serait parvenu ! Bien sûr ce n'est pas impossible mais cela affaiblit l'indice d'une interpolation induite par ce commentaire de Photios.

Certains tenants de l’interpolation partielle s’appuient aussi sur les travaux de Shlomo Pines, un juif d’origine Française, installé en Palestine en 1940, qui a étudié « l’histoire universelle » rédigé en arabe au Xème siècle par Agapios de Hiérapolis, un évêque melkite de Syrie. Dans ce document, se trouve une version du Testimonium datée du Xème siècle un peu différente de celle que nous connaissons :
« À cette époque-là, il y eut un homme sage nommé Jésus dont la conduite était bonne ; ses vertus furent reconnues. Et beaucoup de Juifs et des autres nations se firent ses disciples. Et Pilate le condamna à être crucifié et à mourir. Mais ceux qui s'étaient faits ses disciples prêchèrent sa doctrine. Ils racontèrent qu'il leur apparut trois jours après sa crucifixion et qu'il était vivant. Peut-être était-il le messie au sujet duquel les prophètes avaient dit des prodiges »
L'étude de Shlomo Pines s'appuie aussi sur d'autres citations Syrienne (Michel le Syrien) et Byzantine (Georges Kédrénos). Serge Bardet, dans un son livre "Le Testimonium Flavianum" aux éditions du Cerf note cependant plusieurs difficultés principalement en raison des divergences entre ces sources et estime qu'il est "difficile de supposer la transmission fiable".
Les tenants de l’interpolation partielle y voient un indice qu’il existait une autre version du Testimonium qui elle serait authentique. Mais pourquoi n’avons-nous ce texte dans aucune autre source alors qu’il est écrit environ 6 siècles après la date estimée d’interpolations ? Et ne serait-ce pas plus simplement une traduction libre du texte grec en arabe ?

Etienne Nodet, professeur à l'école biblique de Jérusalem, a réalisé une thèse sur ce sujet, thèse qui tend à montrer que ce manuscrit serait une transcription d’un texte original en Araméen. Nous savons en effet (Guerres Juives Livre I, voir ICI ) que Josèphe travaillait d’abord dans cette langue. En outre, Josèphe soumettait ses écrits sur les Guerres Juives à Titus et était en contact régulier avec Agrippa II, avec lequel il fait état de 62 correspondances voir ICI. Il n’était donc pas possible d’écrire quelque chose qui aurait heurté les Juifs en général et Agrippa en particulier.
La question de savoir si cette version est authentique et provient d’un texte original en Araméen, dépasse le cadre de ces pages. Cependant, ceci souligne un élément de réflexion : Josèphe devait faire des arbitrages entre les informations qu’il détenait, l’interprétation qu’il en faisait et enfin ce que ses lecteurs et notamment l’empereur ou ses proches pouvaient accepter sur la version grecque.
Suite : Le Testimonium / Synthèse ICI